Les méthodes agiles sont de plus en plus utilisées par les entreprises de consultants et d’IT, et semblent s’imposer comme la solution la plus efficiente pour mettre en œuvre la transformation numérique.
La transformation digitale est un des sujets les plus évoqués dans le monde de l’entreprise et dans la presse spécialisée. Les vertus en sont constamment vantées, dont la pertinence stratégique. Cependant, de nombreuses études démontrent que seulement 10% des entreprises du CAC 40 estiment que la transformation digitale est une urgence. Plus interpellant encore, seules 15% de ces entreprises considèrent que les objectifs des Responsables des Systèmes d’informations correspondent aux objectifs des métiers.
Pourquoi ce contre-sens ?
Depuis plusieurs années les organisations investissent dans le digital en espérant des effets mirobolants sur leur activité : augmentation de l’efficacité opérationnelle et des profits, réduction des coûts et des temps de production… Ces avantages sont attrayants, mais la majorité des organisations rencontrent des difficultés à tirer parti de ces investissements. Un nombre important de grandes organisations admettent que les projets big data sont rarement des réussites en matière de réduction des coûts et d’augmentation des revenus.
Le “chaos report” du Standish Group appuie cette théorie. Il explique qu’en moyenne seulement 16,2% des projets IT sont terminés à temps et au budget prévu. Il est donc compréhensible que certains s’interrogent le ROI réel de ces technologies. Ce constat tient à un problème : une vision essentiellement technologique du phénomène. De nombreuses organisations disposent de plans de développement répondant exclusivement aux dernières tendances d’équipement en hardware.
Cela aboutit à la conception de boites à outils trop sophistiquées et très peu opérationnelles. Les employés ont du mal à s’y adapter. Les projets de transformation digitale admettent des retards de livraison se comptant en mois et dépassant le budget initialement prévu.
Ces changements pour faire évoluer la structure de l’entreprise sont peut-être trop importants, pas assez décomposés ?
L’approche traditionnelle n’admet pas la possibilité d’avoir un changement en cours de projet. On suit un cahier des charges volumineux, on le décrypte pendant des mois et on fait un rendu d’un bloc, sans aucun retours en cours de production. On se retrouve dans un tunnel sans pouvoir changer de route. C’est pourquoi on arrive à des décalages aussi importants entre le besoin originel et le projet rendu. Cela ne permet pas un ajustement suffisant.
Dans la réalité, certains besoins fluctuent, des idées émergent et d’autres sont jugées inadaptées au cours du projet. On est face à une méthode de travail qui est contre-intuitive. En travaillant étape par étape, une entreprise peut au contraire maîtriser ses coûts et faire d’un projet une vraie réponse aux attentes des métiers. Cette approche est dite agile. Elle est de plus en plus utilisée par les entreprises de consultants et d’IT, et semble s’imposer comme la solution la plus efficiente ces derniers temps.
La méthode agile, une solution disruptive.
Cette approche de management est basée sur quatre piliers. Elle valorise les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils. Elle se concentre sur des logiciels opérationnels plus qu’une documentation exhaustive. La collaboration avec les clients est favorisée, et non la négociation contractuelle. Enfin elle s’adapte au changement plus qu’elle ne suit un plan.
Grâce à une méthode de travail itérative et à des cycles courts, on se focalise sur ce qui compte. Le projet est découpé en plusieurs blocs avec un temps global de production court, ne dépassant pas quelques semaines. Les premiers cycles se concentrent sur les éléments qui ont de la valeur pour l’utilisateur final. Le feedback constant permet de valider à chaque instant la direction du projet, et de s’aligner sur des besoins concrets. La réalisation de projets digitaux grâce à cette méthode permet de gagner en ressources et en temps, ainsi qu’en satisfaction finale.
Une méthode exclusivement réservée aux start-up ?
Les start-up qui surfent pleinement sur la vague du digital ont pratiquement toutes un management agile. Ces méthodes sont appliquées dès la création des organisations, elles sont donc faciles à appliquer contrairement aux entreprises disposant de milliers d’employés.
L’application d’un nouveau style de management dans le CAC 40 est donc fortement remise en cause. Mais changer les habitudes reste possible comme le montre General Electric.
Illustration de la transformation digitale chez General Electric
En adoptant la méthode agile auprès de ses 40 000 collaborateurs, GE a su développer ses produits plus rapidement et à faible coût. Historiquement, GE revisitait ses produits tous les 5 ans, et la création se faisait d’un bloc. Les commerciaux définissaient les exigences de design puis cédaient le projet aux ingénieurs, qui le cédaient ensuite à la production. Toute modification du produit devait être validée par l’ensemble de cette chaîne. Le management était traditionnel et les cycles d’innovation très longs.
Pour couper court à ces pratiques, GE a lancé sa première tentative de projet agile sur un réfrigérateur. L’objectif était de créer une première version en 3 mois, avec une équipe de petite taille disposant de compétences transverses et peu de moyens. Les ingénieurs et les commerciaux ont travaillés ensemble avec les utilisateurs afin de construire plusieurs versions. En impliquant les consommateurs, l’équipe a très vite réalisé que son produit ne correspondait pas aux attentes.
En améliorant le design et la fonctionnalité, le produit correspondait aux besoins des utilisateurs et cela sans dépasser les ressources allouées. Cette création en un temps record fut l’élément moteur de l’investissement massif de GE à l’ensemble de la conception des produits de l’organisation. Les résultats sont probants, les coûts de production ont diminué de moitié et le taux de ventes a doublé (lire la source).
L’approche agile est le socle d’une transformation digitale réussie. Cette méthode permet de réaliser des projets ambitieux avec des ressources limitées et dans un temps plus court qu’avec l’approche traditionnelle. Le score de satisfaction des clients est toujours très élevé. Cette approche permet aux prestataires de valider le projet à chacune des étapes clés. Le questionnement des entreprises sur la pertinence du digital est donc plus une affaire de management de projet qu’une question de performance technologique.
Retrouvez ici l’expérience du Crédit Agricole, qui a choisi un outil de data storytelling pour répondre à ses problématiques de transformation digitale.
Kilian Bazin, co-fondateur de Toucan Toco