L’année dernière, nous avions abordé les tendances BI 2022 en faisant un constat simple : les entreprises comptent beaucoup sur l’analytics pour devenir plus efficaces. Si elles ont à leur disposition des outils d’analytics puissants et souvent coûteux, l’utilisation qu’elles en font est loin d’être optimale. Résultat : des retours décevants sur leurs investissements en data et analytics.
En 2023, ce constat se généralise. La pression économique que subissent les entreprises les pousse à rationaliser leurs investissements et en maximiser les rendements. Selon Gartner, les investissements en IT n’augmenteront que de 5,3% en 2023 : moins que l’inflation globale qui devrait atteindre les 6.5%. Pourtant, selon l’étude “The CEO Imperative” d’EY, 22% des CEO voient l’utilisation de la data comme une priorité pour développer leurs produits et services. La data reste toujours aussi importante, mais il devient crucial de s’assurer de son impact réel sur le business.
Selon une enquête menée par Gartner auprès de 2 000 CIO, 55% des personnes sondées disent vouloir continuer à investir dans la data et l’analytics en 2023. Toujours selon Gartner, les dirigeants seront plus exigeants sur l’impact réel de leurs investissements. Ils mettront en place des métriques précises visant à évaluer le rendement de leurs analytics. Cette attention particulière portée au rendement des analytics et à leur valeur réelle déterminent les 5 tendances clés que nous observerons en 2023.
1 - La question de l’adoption devient prioritaire
Pourquoi le ROI des outils de BI et d’analytics continue-t-il d’être décevant pour les dirigeants ? D’un point de vue technique, les outils qui servent à explorer, modéliser ou analyser la data ne cessent de se perfectionner. Seulement voilà : ce n’est pas uniquement la puissance de calcul qui détermine l’impact réel qu’aura un outil de BI sur les résultats d’une entreprise.
Au cours des dernières années, une autre métrique s’est imposée pour mesurer l’efficacité des outils BI : l'adoption. C’est simple : un dirigeant a beau investir sur les outils d’analytics les plus performants du marché, si personne dans son entreprise ne les utilise, ils ne serviront à rien.
Il n’est pas uniquement question des équipes data qui, elles, ont les compétences techniques nécessaires pour utiliser les outils les plus complexes. Pour que les data aient un vrai impact au sein d’une entreprise, il est nécessaire que tous les métiers les consultent et adoptent une approche vraiment data-driven, même ceux qui ne sont pas techniques : marketing, sales, RH...
Cette année, BARC et Eckerson Group ont mené une enquête internationale qui a révélé que les taux d’adoption des outils d’analytics stagne autour de 20%. En 2023, le marché prendra la vraie mesure de ce diagnostic et les dirigeants chercheront à inciter leurs collaborateurs à utiliser leurs solutions d’analytics. Ils se tourneront vers des solutions qui priorisent l’expérience utilisateur, l’accessibilité et la mobilité. Mais aussi l’analytics embarqué.
2 - L’analytics est embarqué dans les outils et les logiciels
Comment faire pour que les utilisateurs métiers consultent régulièrement leurs outils d’analytics ? Les éditeurs de logiciels ne cessent de perfectionner leurs plateformes pour les rendre toujours plus agréables à manipuler et inciter les utilisateurs à revenir en rendant leurs produits business aussi interactifs que certaines applications grand public.
Mais cela ne suffit pas : pour les utilisateurs, il y a toujours un coût associé au fait de passer d’un écosystème à un autre. Les équipes commerciales, marketing, RH, produit ou finance ont déjà leurs outils de prédilection qu’ils utilisent tous les jours. Bien que l’expérience utilisateur des plateformes d’analytics soit en amélioration constante, il faudra toujours fournir un effort pour s’y connecter et les manipuler. D’où l’importance de l’embedded analytics : plutôt que d’attirer les utilisateurs métiers vers les plateformes analytics, on intègre les analytics sur leurs plateformes métier. Concrètement, cela peut prendre la forme, par exemple, de tableaux d’analytics insérés dans des applications de CRM, de ventes ou de RH. L’important : mettre de la data à toutes les étapes du workflow des utilisateurs métiers pour les aider à prendre de meilleures décisions. La data n’est plus pensée comme une brique indépendante mais comme un ingrédient central qui se retrouve tout au long du parcours des utilisateurs.
L’embedded analytics est particulièrement apprécié par les éditeurs de logiciel dit SaaS, qui sont à la recherche d’une nouvelle fonctionnalité facilement intégrable à leur application. Leurs utilisateurs ont alors accès, dans le produit et en un coup d'œil, à des informations clés permettant de comprendre la valeur des actions mise en place. C’est un moyen, pour les éditeurs, d’offrir encore plus de valeur à leur logiciel tout en gardant leurs équipes de développeurs concentrés sur le cœur de leur produit.
3 - Le cloud conquiert le marché…
Augmenter le ROI des analytics et de la BI : voilà la priorité centrale des dirigeants pour 2023. Ils seront donc de moins en moins nombreux à se passer de cette technologie qui a révolutionné le secteur : le cloud. Que ce soit pour entreposer leurs données ou les processer, les entreprises auront moins tendance à recourir à des serveurs locaux, plus coûteux et qui nécessitent plus d’entretien. Elles se reporteront plutôt à des serveurs cloud. Preuve en est : le chiffre d’affaires d’Amazon Web Services, le fournisseur en cloud computing d’Amazon, est en hausse de 33% par rapport à l’année précédente, malgré le contexte économique mondial.
Les serveurs cloud présentent plusieurs avantages. Tout d’abord, l’entreprise qui utilise un serveur cloud n’a pas à s’occuper de sa maintenance. Ces services sont généralement proposés sous forme d’abonnements flexibles, et sont donc facilement scalables : ils s’adaptent sans peine aux besoins des entreprises qui peuvent faire face à une augmentation ou une baisse rapide d’activité. Enfin, c’est sur le cloud que les bases de données les plus innovantes et performantes se trouvent : il s’agit, par exemple, des data warehouses qui se distinguent par leur organisation et leur facilité d’utilisation. Lorsque les entreprises entreposent leurs données dans des data warehouses basées dans le cloud, elles ont tendance aussi à s’appuyer sur une data stack entièrement hébergée sur le cloud, pour des raisons de connectivités. Cela comprend également le cloud analytics, qui devrait connaître le même essor en 2023. D’autant plus que l’analytics cloud est notoirement plus accessible, flexible et facile d’utilisation que les solutions on-premise. De quoi favoriser la démocratisation de l’analytics en entreprise.
4 - Et pose la question de la souveraineté numérique
La data n’est pas simplement un sujet économique. Elle est aussi géopolitique. Dans un contexte international incertain, la question de la « souveraineté numérique » se pose avec toujours plus de force en Europe. Si la révolution cloud a eu pour effet de permettre aux entreprises d’accéder à des services plus flexibles et plus performants, elle pose également la question de la surveillance des données personnelles. Car parmi les fournisseurs de cloud les plus prisés, y compris en Europe, on trouve un bon nombre d’entreprises américaines. Or celles-ci répondent aux autorités américaines, qui auraient le droit de consulter les données entreposées dans les serveurs américains.
D’où l’importance, pour certains acteurs, y compris les organisations publiques, de recourir à des solutions numériques françaises. Cela s’applique à toutes les étapes du parcours de la data, de l’entreposage à l’analytics. Cette demande croissante de solutions françaises qui préservent la souveraineté et la protection des données continuera, en 2023, d’influencer les offres sur le marché. Les fournisseurs de services cloud proposeront de plus en plus souvent des solutions hybrides ou un hébergement dans des data centers en France ou en Europe pour répondre à ce besoin.
5 - La 3ème génération d’outils de BI émerge
Dans le domaine de l’analytics, les choses vont vite. En à peine plus d’une décennie, trois générations d’outils BI se sont succédé sur le marché. Les outils de la première génération sont les outils traditionnels qui étaient pensés exclusivement pour les experts en data. Les utilisateurs métiers n’y avaient pas accès : aux prémisses de l’analytics en entreprise, la démocratisation de la data n’était pas encore la priorité qu’elle est aujourd’hui. Pour accéder à la donnée, les utilisateurs non-experts devaient nécessairement passer par les équipes data.
C’est un problème que les outils de 2ème génération ont tenté de régler, en se positionnant comme des outils BI de “self-service”, plus facilement utilisables par tous. Les outils de BI de 2ème génération ont innové en mettant l’accent sur la compréhension des données et l’expérience utilisateur. Ils s’appuient, par exemple, sur la data visualisation pour permettre aux utilisateurs de tirer les bonnes conclusions de leurs données au premier coup d'œil. Si ces outils de self-service sont pensés pour faciliter la compréhension des données, ils ne donnent aux utilisateurs que peu de contrôle sur l’approvisionnement en data : ces derniers ne savent pas d’où viennent les donner et ne peuvent pas sélectionner les sources eux-mêmes. Pour cela, ils ont toujours besoin des experts.
Les outils de 3ème génération, eux, visent à donner une autonomie complète aux utilisateurs métiers en termes de data. De la sélection des sources de données à leur activation concrète, les utilisateurs métiers peuvent créer eux-mêmes les analytics dont ils ont besoin. Grâce, notamment, au progrès de l’intelligence artificielle, ces outils de “BI augmenté” peuvent traduire les demandes faites de manière visuelle ou en langage naturel par les utilisateurs en requêtes “codées”. Plus besoin de savoir coder pour analyser la donnée. Une promesse qui correspond en tout point aux priorités des dirigeants qui, en 2023, veulent surtout que leurs analytics aient un impact concret sur leurs résultats. Avec un tel programme, les outils BI de 3ème génération n’auront aucun mal à s’imposer au cours de l’année.